Nous avons frappé à la porte d'une boutique de baskets
pas comme les autres. Loin des baskets commercialisées dans les grandes chaînes
commerciales, ici, on retrouve des paires qui sortent de l'ordinaire. La Boîte
Collector n'est pas un simple magasin mais un véritable musée de la
sneaker.
Interview
Peux-tu te présenter ?
Gérald, 33 ans, gérant de la Boîte Collector, ancien
basketteur pour la ville de Lille mais bon j’ai fait pas mal de clubs en France
avant. Je suis résidant lillois depuis 12 ans maintenant, je kiffe Lille, c’est
un truc de ouf ! Mais je suis de Paris.
Quelle est ta formation ?
J’ai fait un BEP Comptabilité Secrétariat, rien à
voir, après j’ai eu mon BP JEPS, un diplôme sportif pour encadrer les jeunes et
en terme de formation par rapport à la boutique, j’ai fait Foot Locker pendant
3 ans, ma plus grosse formation. Ensuite j’ai enchaîné avec
Courir et j’ai été aussi dans une franchise dans le sud qui
était plutôt cool. Mais dans le milieu de la vente même, non, je n’ai pas
vraiment fait de formation.
Comment t’es venue l’idée la Boîte Co ?
Comment j’ai eu l’idée ? L’idée en elle-même est
partie de rien du tout. Je pense qu’une ville comme Lille se devait d’avoir une
bonne boutique de baskets tout simplement. Il y a pleins de
boutiques aujourd’hui, mais elles se ressemblent plus ou moins. C'est
faire quelque chose de complètement différent, proposer
des marques complètement différentes aux personnes. On a
fait une boutique pour les gens qui s’affirment comme ils sont.
Donc le concept de la Boîte Co, c’est ça ?
Ouais on peut dire ça. La boutique
pour les gens qui s’affirment.
Quel
est l’esprit de la Boîte Collector ?
C’est
un esprit cool, année 80-90 qui est l’âge d’or du Hip Hop, du sport, de la
musique, les meilleures vibes. Du coup, c’est tout un univers qui regroupe
plusieurs éléments qui font que ça donne la Boîte Collector. Un endroit
chaleureux où tu peux partager. Tu peux venir participer à des histokicks, par
exemple. Les histokicks, c’est la partie musée du magasin, tous les mois,
on change de thème, ça peut être sur une marque, un produit, sur le custom ou
un environnement.
Au début, c’était essentiellement des collectionneurs qui contribuaient à apporter des chaussures pour le musée. Aujourd’hui, on est arrivé à un point où c’est des particuliers qui collectionnent pas forcément, mais qui peuvent avoir une paire qui sort de l’ordinaire qui y contribuent. C’est un ensemble de partages qui se passe ici, du coup l’esprit est plutôt cool. En plus, on brasse toutes les générations, que ce soit les jeunes d’aujourd’hui ou des personnes beaucoup plus âgées que moi qui parlent de sneakers et tout. C’est cool!
On
parle essentiellement des sneakers addict ?
Pour
être honnête, quand on a monté la société, on pensait qu’on allait recevoir des
clients essentiellement sneakers addict, mais comme j’ai expliqué auparavant
c’est un état d’esprit et on est surtout sur du partage. C’est-à-dire que même
la personne qui n’est pas sneakers addict est bienvenue ici, justement pour
comprendre la culture du sneakers addict. Comprendre le fait d’acheter
des chaussures par rapport à la matière, l’histoire qu’elle engendre, et pas
par rapport à un magazine qui dit d’acheter tel ou tel chaussure. C’est plus
dans cet état d’esprit.
C’est quoi les débuts ?
Les vrais débuts, c’est ça:
je voulais une paire de chaussures que j’ai pas trouvé, j’ai fait tous les
magasins à Lille, je suis allé à Paris, j’ai pas trouvé. Il y avait des paires
mais ce n’était pas ça, ça manquait d’identité. Du coup, en discutant
avec les gens qui me sont proches, je me suis dit c’est pas normal, il y a des
gens qui sont comme moi aussi. J’ai fait ma petite étude. Je suis allé dans la
rue, parce que tout appartient à la rue. Je suis parti voir des personnes qui
n’ont pas forcément à voir avec le monde de la sneakers addiction, mais des
gens au feeling comme ça : « Qu’est-ce que vous pensez des baskets ?
Est-ce que vous portez des baskets ? Quelle marque vous vient à
l‘idée ? » Après voilà, ça s’est s’enchaîné.
Le nom a été super compliqué
à trouver parce qu’on voulait un nom français et international aussi. Mais
quelque chose qui reflète vraiment l’esprit de la boutique. Et en fait, la
boite représente pour nous aujourd’hui une partie du sneakers addict. Il y a
des cas de figures où c’est possible, mais tu pourras jamais faire acheter à un
sneakers addict une paire de chaussures de ouf, sans la boîte. Elle fait partie
intégrale du sneakers addict. Du coup, la boite plus le collector, plus le fait
qu’on vende des chaussures collector et tout. Et en plus, en anglais ça fait
Collector Box ou Box collector.
Ma
femme m’a beaucoup aidé, le petit Wilou, ensuite mes assos, Martin et Juju, qui
étaient à fond dans le projet avec moi. Quand je dis « on »,
c’est le collectif. Souvent, c’est moi qui ai fait les démarches mais c’était
un projet commun pour satisfaire plusieurs personnes en même temps. Je suis
plus dans le « on ».
Nouvel arrivage à la Boîte Co |
Les Reebok Pump Melody Ehsani |
Comment s’est passé le financement ?
J’ai trouvé les financements tout seul, après c’est un
peu compliqué. Les financements se sont faits en plusieurs parties. Tu as le
financement monétaire, effectivement, les démarches ont été faîtes tout seul.
Après, j’ai eu une autre sorte de financement, de soutien des personnes qui me
vendaient dans des showrooms. Je suis partie à l’étranger avec des potes et ils
m’ont aiguillé sur pas mal de choses.
La seule chose que je regrette, c’est que
pour faire une boutique aujourd’hui, qui est devenue une boutique un peu connue
entre guillemets de la ville de Lille, j'ai dû faire 30 banques. Je me
suis mangé pas mal de portes, en même temps, quand tu veux vraiment quelque
chose tu arrives toujours à tes fins. Mais c’est la chose que je regrette le
plus, parce qu'aujourd’hui, je pense que
tout le monde est capable de monter un projet comme celui de La Boite
Collector ou autre, sauf qu’on ne donne pas forcément les moyens.
Mais bon, le résultat c’est que j’ai réussi à ouvrir.
Ça a été la principale difficulté ?
Ouais, je crois que la plus grosse difficulté c’était
qu’une banque accepte mon projet, sachant que c’était un projet qui était sûr à
l’avance. Du fait que, déjà il n’y avait pas de boutiques comme ça et le
concept était différent des autres boutiques. Toute façon ce que les gens
veulent aujourd’hui, ce sont des choses nouvelles. Le consommateur
d'aujourd’hui veut autre chose.
"Elle m’avait acheté une paire de baskets et le soir même, alors que j’étais un enfant plutôt cool, j’avais fait un caca nerveux parce que je ne voulais pas les enlever"
On parle
essentiellement des sneakers addict ?
Pour être honnête,
quand on a monté la société, on pensait qu’on allait recevoir des clients
essentiellement sneakers addict, mais comme j’ai expliqué auparavant c’est un
état d’esprit et on est surtout sur du partage. C’est-à-dire que même la
personne qui n’est pas sneakers addict est bienvenue ici, justement pour
comprendre la culture du sneakers addict. Comprendre le fait d’acheter
des chaussures par rapport à la matière, l’histoire qu’elle engendre, et pas
par rapport à un magazine qui dit d’acheter tel ou tel chaussure. C’est plus
dans cet état d’esprit.
Comment tu t’approvisionnes ? À la demande ?
Par rapport à tes goûts ou aux nouvelles sorties ?
Ah ça c’est secret ! Mais il y a de tout. On travaille
avec des marques qui nous ont fait confiance depuis le début : KangaRoos,
Asics, K1X Exclusive qui eux, sont en Allemagne, c’est une marque exclusive
pour le basket ball, mais ils font des séries lifestyle et ils nous ont mis
bien. On a eu Puma, Adidas et Reebok depuis pas très longtemps. Après, on a une
nouvelle marque qui nous met bien, c’est Saucony. Et après, on a nos petites
astuces et on connaît des gars.
Dis-nous en plus sur la déco ?
Récup ! Les sièges de cinéma, c'est
du vieux cinéma d’Arras dans le 62. On fouille, on fouille. Pour créer un
univers, il faut chercher des choses qui ont de l’âme. On a récupérer des
vielles chaussures qui viennent de personnes dans la rue, il y a des postes
radio à l’ancienne, des casiers métalliques qu’on a récupéré, le fauteuil
d’avion de chasse qui est dans mon bureau, on l’a récupéré aussi. Du bois pour le mobilier, c’est ce qu’on voulait
faire, pour avoir un esprit salon, chambre. "Bienvenue dans le
showroom", quelque chose comme ça. Des tableaux, des posters à l’ancienne
comme quand on avait 15 ans ! Je pense que tout ce qu’on a cherché à faire
dans cette boutique, c’est mettre en valeur les choses.
Ouais,
depuis tout petit. Je sais pas comment s’est arrivé cette histoire, mais c’est
depuis tout petit. Ma mère m’avait raconté une petite histoire quand j’étais
plus jeune. En gros, elle m’avait acheté une paire de baskets et le soir même,
alors que j’étais un enfant plutôt cool, j’avais fait un caca nerveux parce que
je ne voulais pas les enlever. Quand elle m’a raconté ça plus tard, ça m’a fait
sourire parce qu’au final, la basket c’est vraiment depuis tout petit.
Je me
souviens encore que j’accrochais des posters des pubs de baskets. Mais ça n’a
rien à voir avec les baskets qu’on fait maintenant. C’était des marques
comme Prince, TBS... Ensuite dans les années 90, il y avait André Agassi, il y
avait Jordan et Barkley qui commençaient à sortir des paires de ouf, des paires
révolutionnaires.
"Le but de La Boîte Collector, c’est de faire partie des plus grandes boutiques de baskets en France"
Tu
organises aussi des soirées ?
On fait des soirées parce que déjà, il n’y a pas de soirées à
Lille. Des soirées comme on aime, toujours dans le même esprit: partager,
rigoler, se la raconter un peu et décompresser. Il
y avait personne dans ce cadre-là, et ça rentrait dans notre univers aussi. Du
coup, on a commencé à faire des soirées, on fait
des événements privés aussi au magasin avec des artistes qui exposent
tous les mois. Il y a aussi des histokicks tous les mois, avec toujours
quelque chose de différent pour faire venir les gens. On fait la fête de la
musique, et on fait des gros Sound System avec les Wesh, ma famille. On fait
pas mal de choses.
La
suite pour La Boîte Co ?
Aucune
idée, on va me laisser faire 2 ans, pour l’instant ça fait 1 an et 8 mois. Pour
moi, le but de La Boîte Collector c’est de faire partie des plus grandes
boutiques de baskets en France, voire en Europe. Moi, mon objectif c’est ça, et
pour le reste des projets on verra plus tard.
Développer la partie textile
aussi, parce qu’on a créé une marque il y a quelques temps qui est pas trop
mal: "Boîte Collector, la culture n’est pas une mode". On voudrait la
développer et la vendre dans d’autres boutiques. Et voilà, chaque chose en son
temps, il faut pas brûler les étapes. Chaque chose en son
temps...
La Boîte Collector
51 Rue de Paris
59000 Lille
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