Family First: L'union fait leur force

Kevin, Anthony, Alexis, Nicolas & Kevan
Nous avons accueillis dans nos humbles locaux, le collectif de Family First. Des jeunes entrepreneurs plein d'ambition. Ils nous racontent comment leurs valeurs familiales les ont amenées à créer leur marque. 

Interview 

Vous pouvez-vous présenter ? 

Anthony: Nous, Family First, on est une bande de frères. On a grandi ensemble, nos familles sont très proches. On considère les mères de chacun comme nos tantes, donc on vit ensemble, on mange ensemble... On a créé une marque de vêtements. Toute notre éducation, nous a fourni certaines valeurs qu’on partage tous et qu’on souhaite mettre en avant dans tout ce qu’on fait.


Qu'est-ce que Family First?

Nicolas: À la base, c’était simplement un délire entre nous. Il y a eu la mode des t-shirts Eleven Paris avec le gros numéro au dos et le nom. Comme on s’appelait déjà Family First entre nous, on s’est dit qu'on allait faire notre propre t-shirt. On l’a acheté et on l'a fait floquer. On a mis Family First avec chacun un numéro qui nous était propre. C’était purement pour nous à la base, et les gens ont commencé à nous poser des questions.

Anthony:  On y a réfléchi pendant un 1 an. Ensuite, on a tous travaillé, chacun de notre côté pour pouvoir investir des fonds dans la marque et développer le truc.

"Notre devise c’est quoi qu’il arrive dans la vie, qu’il y ait des hauts et des bas, c’est la famille d’abord"

Kevin:  On a tous des parcours différents. Il y a ceux qui font du droit. Kevan est dans la musique donc on a quand même un aspect artistique. Pareil avec Alexis qui est dans la vidéo et le design. Moi, je suis en école de commerce donc je m’occupe de tout ce qui est marketing et comptabilité avec Alexis. On se complète.

Anthony: On vient aussi de cultures différentes. On est des enfants issus de l’immigration. On a des origines très différentes, des spiritualités très différentes et on a réunit tout ça.

Qu’est qui a inspiré Family First?

Anthony: Tout part de notre famille et de notre éducation. On a un fonctionnement familial, on est tous des frères. C’est vraiment la notion de partage, des valeurs de la famille et tout ce qui en découle.

Alexis: Notre devise c’est quoi qu’il arrive dans la vie, qu’il y ait des hauts et des bas, c’est la famille d’abord.

Nicolas: On a tout autour de nous des personnes qui nous soutiennent. On a des modèles qui nous inspirent. Les gens viennent et nous rendent service parce qu'ils savent qu'on le leur rendra. 

Anthony: En fait, c’est un mouvement! Donc tout ceux qui veulent y prendre part, on les accueille avec plaisir. 

Kevin: On a voulu se démarquer du modèle économique actuel qui est de faire une marque pour faire de l’argent. On voulait vraiment créer un mouvement quelque chose de sensé. Lorsque les gens vont porter notre marque,  ils vont adhérer à un modèle social particulier. C’est un peu comme s'ils portaient nos  vêtements comme des pancartes.  On essaie de faire passer un message. C'est un mouvement que l’on veut insuffler, chacun peut amener son grain de sable à l’édifice et c’est ce qui fera que ça ne pourrait jamais s'essouffler.




















Quand on travaille à 5, comment gère-t-on les conflits?

Anthony: On a des emplois du temps respectifs très remplis et trouver des moments où tout le monde est disponible, c’est compliqué. En général, c’est entre 23h et 3h du mat' le jeudi. On a créé des groupes sur les différents réseaux sociaux sur lesquels on communique. Et le week-end, on fait des réunions. Après, il n'y a pas vraiment de conflits, c’est plus des désaccords artistiques.

Parlez-nous de votre collection UNION?

Anthony: On a mis en place la première collection Renaissance quand on commencé en novembre. Elle s’appelle comme ça, car le numéro 03 qui est écrit avec toutes les valeurs autour en anglais et français est inspirée de la mythologie grecque. Le phoenix renaît de ses cendres trois fois après son immolation. On voulait souligner le fait que toutes les valeurs renaissent à travers le visuel.

Nicolas: La première idée, c’était de faire un t-shirt blanc avec un logo placé sur le coeur et de proposer quelque chose de différent dans le dos.  On a passé des nuits à se demander comment créer quelque chose qui ait du sens et qui soit différent. Du coup, on est parti sur une idée simple. L’idée de l’union. Surtout dans la période actuelle qui n’est pas super cool avec tous ce qui ce passe. Les personnes ne sont pas assez unies et nous pensons que l’union et l’unité font la force. On a décidé que le principe du t-shirt serait d’écrire "union" en différents alphabets. On a choisi les alphabets les plus symboliques: l’anglais, le français, l’arabe et l'hébreux écrit en miroir par rapport à l’arabe pour refléter le fait que ces peuples (ndlr: arabes et juifs) sont très proches au niveau de leur histoire et de la religion.


 "On apprend de nous même parce qu'au final on ne part de rien, on se démerde, on cherche dans des livres." 

Il y a pas mal de marques de sweats et de t-shirts, la concurrence ne vous fait pas peur ?

Anthony : On n'est pas dans un délire d’opposition. Si on a l’occasion de collaborer avec d'autres marques qui ont le même délire que nous, c’est avec grand plaisir. 

Kevin: Nous ne sommes pas là pour écraser les autres mais pour lancer un mouvement. 

Où peut-on se procurer vos produits?

Nicolas: On a notre propre site internet. On a aussi eu un rendez vous avec un magasin qui s’appelle La Superette, près de Châtelet, donc notre t-shirt Union sera disponible là-bas. Un big up à La Superette parce qu’ils ont suivi le projet depuis le début. On leur a demandé pas mal de conseils. Ils ont toujours été super cool, au final, ils entrent dans notre esprit Family First. 

Ça donne quoi quand vous allez voir le banquier en mode « Ouais, j'veux faire une marque » ? 

Kevin: J’ai envie de dire les banquiers, c’est pas compliqué ! Tu débarques avec du cash et tu lui expliques que tu veux créer un truc, il te dit ok ! La première fois qu’on y est allé avec Nico et Kevin, on s’est fait recaler parce qu’on avait pas de business plan. (rires) On a entièrement autofinancé le projet mais je pense que si on avait nécessité un prêt, ça n'aurait pas été la même chose. Ils auraient été moins souriants avec nous. 

On a la chance pour moi à notre âge d’avoir l’opportunité de créer quelque chose comme ça. D’avoir le temps et l’entourage pour nous aider, nous conseiller. On apprend de nous même parce qu'au final, on ne part de rien, on se démerde, on cherche dans des livres. Ça pour moi, c’est vraiment ce qui va nous construire pour la suite et c’est vraiment cool. S’il y a un message à faire passer aux jeunes de notre âge, c’est quand on en veut dans la vie, il faut juste y aller. On a travaillé chacun un été. On a pas passé de vacances, on en est pas morts, et aujourd’hui, on vit un projet qu’on aime.

Que ça marche ou pas dans le futur, on n'était pas forcément prédestinés par notre naissance à devenir des chefs d’entreprises. Si tu le veux vraiment et que tu réfléchis, tu mets tes tripes dans le truc, tu peux réaliser tout ce que tu veux. C’est exactement ça !

Pour moi, on a la chance en France d’avoir une liberté au niveau de la création d’entreprises et si les jeunes ont des idées, il faut mûrir le projet et ne pas hésiter. Si on réussi en France, ce sera encore plus une fierté. C’est aussi pour ça que la marque s’appelle Family First Paris. Pour montrer qu’on peut réussir sans forcément avoir des facilités. On supporte toutes les charges et les impôts. Nos vêtements sont faits sur le territoire français alors qu’on aurait pu les produire en Chine ou en Corée à bas coût. On voulait vraiment faire des produits de qualité.



Anthony: Pour rejoindre ce que tu disais par rapport au fait de réussir en France, je voulais dire que quand on a déposé le nom Family First Paris, il fallait qu’une partie de nos produits soient faites en France, sinon ça trompait le consommateur. On a eu tout un débat là-dessus et l’idée n’était pas de faire une marque pour fabriquer des t-shirts à 0,50 cts pour les vendre à 30€. On travaille avec une usine basée dans le 95 à coté de chez nous, où on peut contrôler le produit et valider les prototypes. Ça nous permet d’avoir un contrôle qualité sur le produit et en plus de ça, ils sont totalement dans l'esprit Family First. C’est une entreprise familiale, on s’est bien trouvé !

Kevin : Pour continuer sur la qualité, l’avantage qu’on a eu c’est de tomber sur un très bon fournisseur avec qui ça se passe très bien. On a un eu un accueil auquel on ne s’attendait pas. Pour nous le monde de l’entreprise était assez rigide. Mais on a vraiment eu affaire à des professionnels chaleureux qui correspondent à nos valeurs. Pour le coup, ça nous a bien aidé. Par exemple, on lui fait valider tout nos designs. Vu son expérience, il a un professionnalisme et une vision sur notre travail très intéressante. On est parti sur de la sérigraphie pour une histoire de qualité, ils ont des labels européens, tout est fait chez eux. Ce n’est pas artisanal mais presque dans l’idée d’un produit vraiment français qu’on ne met pas forcément en avant mais que l’on veut défendre. 

"Pour qu’on s’arrête il faudra vraiment nous mettre un gros coup derrière la tête. "


Dans ce projet, quelle a été votre plus grosse difficulté ?

Anthony: On a eu des galères. On est des profanes de la création d’entreprise si on peut dire, donc nos galères ont surtout tourné autour de ça, c’est à dire quelle entreprise créer, comment être dans le cadre de la loi, comment gérer tout ce qui est rédaction des statuts... La création de l’entreprise en elle même a été la phase la plus difficile. Connaître et savoir le chemin à employer.

Nicolas : Il y a aussi eu des galères de logistiques, comme le décalage de la date de sortie du site à cause de notre premier fournisseur. On a découvert ces choses là. En tant qu’étudiant, quand tu nous dis tu viens tel jour, à telle heure, tu ne te poses pas de questions et tu y vas. Quand le mec t’appelle le matin et te dit: "en fait, ce sera pour plus tard", et que tu as des délais à tenir, c'est plus compliqué. Mais on ne s’en plaint pas plus que ça, ça nous a permis d’apprendre aussi.

Anthony: A part ces galères là, de logistique pure, et puis les petites galères de  création d’entreprise. Ça a glissé tout seul. On s’est tout simplement dit, on a des valeurs, ce serait lourd de les mettre sur des vêtements. Tout est une question d’envie. À partir du moment où il y a de l’envie, rien n’est compliqué. Ce sont des petits obstacles que l’on franchi sans problème. En fait, la plus grande galère qu’on a c'est de se voir tous ensemble (rires). On dit ça parce qu’avant, on se voyait 7j/7 et 24h/24 maintenant on se voit 5j/7 et 8h/24. (rires)
Mais on prend un plaisir incroyable à faire ça. On ne sait pas où ça mène mais on a des rêves dans la tête et on a pas envie de les voir s’envoler. Tout ce qu’on sait, c’est qu’on kiffe complètement.

Nicolas : Pour qu’on s’arrête, il faudra vraiment nous mettre un gros coup derrière la tête. 

Anthony : Surtout que nos familles nous donne une telle force. Ce n’est pas forcément facile quand tu viens d'un certain milieu de dire à tes parents que tu vas continuer tes études, tout en créant une entreprise et travailler l'été pour tout investir dedans. Ça peut-être compliqué et nos familles nous ont soutenu  à 100%. Là dessus, on a eu beaucoup de chance. 

On a aussi une situation qui nous a permis de faire ça. C’est à dire qu’on vit tous chez nos parents. Financièrement, on a aucune charge et on est dépendants. C’est aussi grâce à ça qu’on a pu investir dans une marque de vêtements. C’est  grâce à nos familles qu’on a pu créer ça et il faut le leur rendre aussi.


"On est jeune, mais si on ne le fait pas maintenant, quand est-ce qu'on le fera ?"


Mais vous avez quels âges en fait ?

Anthony : Alors le plus vieux c’est Kevin, il a 22 ans, Alexis a 19 ans, et moi même, Nicolas et Kevan, 20 ans. On est jeune mais si on ne le fait pas maintenant, quand est ce qu'on le fera ? Ça a été un point important dans notre démarche. On va faire des études. Plus tard, on aura un foyer, une femme et des enfants si dieu le veut. Le jour où on devra subvenir aux besoins de nos foyers respectifs, ce sera beaucoup plus compliqué. C’est vraiment maintenant la période idéale pour développer quelque chose.

Kevin : Parce qu’on est jeunes et ambitieux, qu’on a la hargne qu’on a le temps et l’énergie. On arrive à concilier nos familles, nos amis, nos loisirs et la marque. Donc pourquoi ne pas essayer ? Je vois un peu moins mes amis certes, on ne peut pas se le cacher, mais ils comprennent très bien quand on fait la démarche d’expliquer à notre entourage qu’on a créé quelque chose. Les gens sont fiers et entonnés. Pour moi, quand on est jeune encore chez ses parents et qu’on a la détermination, on peut très bien concilier études et projet professionnel. Ça m’étonnerait qu'un parent peu importe d’où l'on vient, s'oppose à ce choix.

Nicolas : Toutes les personnes qui nous entourent sont vraiment derrière nous. Si certains nous invitent un samedi soir et qu'on leur explique qu'on a une réunion Family First, ils pourraient se dire qu'on est relous à faire nos trucs entre nous mais ce n'est pas l'impression qu'on a. On leur dit non pour le samedi soir mais on les invite à un shoot le dimanche matin et ils seront présents, et pour ça on les remercie. Ils se reconnaîtront.

Kevin: Ce qui est marrant, c’est que ces gens sont plus admiratifs qu’autre chose. Ils se demandent comment on arrive à trouver du temps entre nos loisirs, les cours et la marque. On leur explique simplement que ça fait partie de nous, c’est quelque chose pour lequel on se donne corps et âme. Ça reste un loisir, on prend autant de plaisir à aller en soirée qu'à faire des réunions Family First ou à faire cet interview.

Quelle est la suite pour vous ?

Anthony: On ne se donne pas de limite. Plus de collections, plus collaborations avec des artistes. Nous n'en sommes qu'au début. Je pense que le concept a un potentiel. Même si on ne s’enrichit pas financièrement à terme de ce projet là, on s’enrichit humainement. C'est un truc de fou, tous les gens que l'on rencontre nous enrichissent à un point extraordinaire. 

Nicolas :
 On a collaboré avec un rappeur qui s’appelle Tito Prince. C’est quelqu’un qui a une certaine influence et quand on l'a démarché, on était personne. C'était au mois d'octobre, les produits n’étaient même pas encore en vente. À la base, on a démarché plusieurs artistes, l’un deux nous a répondu en nous indiquant directement un tarif, sans aucun dialogue. 

La manageuse de Tito Prince a été plus chaleureuse. Ils étaient intéressés par le concept, on a convenu d’un rendez-vous et on les a rencontrés. Tito a pris notre produit, le modèle avec le 03 sur lequel sont inscrites toutes les valeurs, et il nous a dit que la marque lui plaisait et qu'il se reconnaissait totalement dans ses valeurs.



Tito Prince - Mr Changement



Anthony : Il nous a même dit qu'il n'était pas au courant du deal qu'on devait gérer avec sa manageuse et que ça ne le regardait pas. Puis il y a eu le clip, et pour ça, on a envie de remercier tout le monde, ça paraît normal. Ça nous a permis d’avoir plus de visibilité. 

Kevan : En plus de ça, le clip nous correspond totalement. Le titre s’appelle "Mr Changement". C’est exactement ce que l’on veut faire, changer un peu le futur (rires). Le futur commence ici...


Nicolas: On va pas se mentir, on aimerait bien que la marque fonctionne et qu'on puisse en vivre par la suite, mais on ne sait pas ce qu’il va se passer. Et même si ça doit s’arrêter, on aura gagné quelque chose. En expérience, en humanité, en partage avec les gens, c‘est vraiment enrichissant. On vit en plus quelques chose qui nous passionne. Pour nous deux qui sommes étudiants en droit, on va à la fac tous les jours et c’est pas super marrant, mais on a la marque qui nous motive. C’est vrai que ça nous fait des semaines chargées, mais c’est le prix à payer pour vivre quelque chose qui nous passionne. 

On en retire que de bonnes choses et nos familles également. Nos familles respectives ont l’impression d’avoir réussi leur éducation en quelque sorte. On essaie de transmettre les valeurs qu'elles nous ont inculqué. En fait, nous avons créé la marque Family First, mais c’est un mouvement qui dure depuis beaucoup plus longtemps. On reprend des valeurs, des choses qui appartiennent à l’humanité depuis des siècles. Family First, c’est nos grands-parents, nos arrières grands-parents, etc. C’est un aboutissement parce qu’il y a un projet  final, mais ça s'inscrit dans une certaine continuité. Ce n'est pas un truc qu’on a inventé.

C’est un mouvement qui nous appartient absolument pas, à tel point qu’au début, il y a eu des discussions sur le statut. On hésitait entre une association ou une entreprise. On a finalement choisi l’entreprise parce que ça nous permet d’avoir différentes perspectives par la suite, mais le mouvement en lui-même dépasse très largement le cadre de la marque de vêtements ou celui de nos petites personnes de banlieusards. 


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